La construction passive, qui consiste à concevoir des bâtiments avec un très faible besoin en énergie, est l’enjeu de notre siècle. Écologique dans sa conception et économique dans sa consommation en énergie, la maison passive répond à la fois à l’urgence climatique et à la problématique énergétique. Mais de quoi parle-t-on exactement ?
Qu’est-ce qu’une maison passive ?
Par sa conception et sa réalisation, un bâtiment passif n’a quasiment pas besoin d’énergie pour se chauffer ou se rafraîchir et a une consommation d’énergie très faible pour fonctionner. Cette faible consommation énergétique est compensée par les apports solaires et la récupération de la chaleur interne. Le label allemand Passivhaus définit les standards d’un bâtiment passif, avec un cahier des charges très précis :
- Une consommation de chauffage inférieure à 15 kWh/m2/an.
- Une étanchéité à l’air : le taux de renouvellement d’air par heure (n50) est inférieur à 0,6 h-1 pour conserver la chaleur à l’intérieur.
- Des besoins en énergie primaire (consommation globale) inférieurs à 120 kWh/m2/an.
Le label Passivhaus a deux intérêts : c’est une vérification extérieure qui sert de garde-fou et c’est une valorisation du bâtiment. Il est décerné pour un bâtiment à sa construction. En France, c’est l’association La Maison du Passif qui est habilitée à décerner ce label.
Il existe également un label délivré par la Fédération Française de la Construction Passive, basé sur les mêmes critères.
Comment construire une maison passive ?
Atteindre un tel niveau de performance ne s’improvise pas car si le principe semble simple, la mise en œuvre technique est très complexe et doit être assurée par des professionnels formés. Trois domaines influencent le niveau de performance :
- Le dessin architectural : on parle d’ « architecture bioclimatique ». Dès la conception des plans, rien n’est laissé au hasard : la compacité de la forme du bâtiment pour laisser le moins de surfaces déperditives possible ; la position et la dimension des surfaces vitrées pour capter un maximum d’apport solaire dans les pièces à vivre ; l’environnement extérieur direct de la maison pour éviter les masques qui freinent l’apport solaire.
- La qualité de l’enveloppe thermique. Tout ce qui constitue l’enveloppe de la maison (sols, murs, toit, menuiseries) doit être le plus isolant possible pour limiter les déperditions de chaleur. La qualité de l’enveloppe thermique nécessite une grande maîtrise de l’étanchéité à l’air et la suppression des ponts thermiques (Cf. encadré).
- Le renouvellement d’air. Pour une bonne qualité de l’air, une maison a besoin d’avoir un air neuf en permanence, sans perdre la chaleur intérieure. Pour cela, le système de ventilation double flux prend de l’air neuf mais froid à l’extérieur et de l’air vicié et tempéré à l’intérieur. L’air transite alors dans les deux sens par un échangeur thermique qui récupère les calories de l’air sortant et les transfère dans l’air entrant avant de l’injecter dans la maison. Ce système permet aussi de filtrer l’air entrant (polluants et allergènes, notamment les pollens) et donc d’assurer un air intérieur très sain.
Sans être un critère obligatoire pour un bâtiment passif, la perspirance des murs, c’est-à-dire leur perméabilité à la vapeur d’eau, joue également un rôle primordial dans le confort intérieur. Un mur perspirant va laisser s’évacuer vers l’extérieur la vapeur d’eau produite à l’intérieur d’une maison et évite ainsi que l’humidité reste stockée dans les murs.
Ponts thermiques : chaque jonction (entre le sol et les murs, les murs et le toit, les murs et les fenêtres, etc.) doit également être isolée. Ces jonctions sont souvent des points faibles pour la performance thermique d’une maison : on appelle ces points faibles des « ponts thermiques ».
Pourquoi construire une maison passive ?
Aujourd’hui, seuls 0,08 % des bâtiments sont certifiés passifs en France. Qu’est-ce qui bloque ? Le coût de construction reste plus élevé, même si le surcoût est rentabilisé en moins de 20 ans grâce aux économies d’énergie. Mais surtout, les entreprises du secteur manquent de formation et de connaissances pour ce type de constructions techniquement très complexes.
Pourtant, les intérêts à se lancer dans une construction passive sont nombreux. Nous avons déjà évoqué le confort de température et de qualité de l’air (santé), les économies sur les factures d’énergie, et l’aspect écologique par ses matériaux et sa faible consommation en énergie.
Mais une maison passive représente aussi un bon investissement patrimonial : ses coûts de fonctionnement sont maîtrisés, elle est précieuse par sa performance et encore très rare sur le marché, sa structure de grande qualité en fait un bâtiment très durable dans le temps.